Que ce soit dans la presse spécialisée ou généraliste, vous avez peut-être entendu parler des « 1000 premiers jours de l’enfant ». Avec la multitude d’informations à ce sujet, il peut être difficile de s’y retrouver. C’est pourquoi nous vous proposons un petit récap.

Que sont les 1000 premiers jours de l’enfant et pourquoi les mettre en place?

A l’origine, c’est un concept médical dont le but est de mettre en lumière l’importance capitale des 1000 premiers jours de l’enfant, qui débutent bien avant sa naissance, à partir du quatrième mois de grossesse exactement, et s’étendent jusqu’à ses deux ans. Cette importance fait aujourd’hui l’objet d’un consensus de la part des experts de la petite enfance, exerçants en neurosciences, en psychologie, en pédiatrie, qu’ils soient spécialistes de l’éducation ou de l’accompagnement à la parentalité. Tous s’accordent sur la nécessité de « surinvestir » cette période. Car si le développement y est intense et fragile, les champs d’action ne sont pas négligeables.

Entre le début de la grossesse où le fœtus commence à interagir avec son environnement et celui où l’enfant prononce ses premières phrases, se joue multitudes d’interactions qui vont l’accompagner dans son développement physique et psychique. Le bébé grandit de deux centimètres par mois, la taille de son cerveau est multipliée par cinq et les connexions neuronales s’établissent de deux cent mille par minute.

Les neurosciences ont révélé que le cerveau de l’enfant est malléable. Des études ont montré que si l’enfant grandit dans un environnement suffisamment sécurisé, il sera 2 à 5 fois moins fréquemment hospitalisé au cours de sa vie qu’un enfant ayant connu des périodes d’insécurités prolongées.

Selon Alexandra Benachi, gynécologue-obstétricienne qui fait partie de la commission, « La programmation de pathologies comme le diabète, l’obésité, certaines maladies cardiovasculaires et allergies, se fait dès les 1000 premiers jours de l’enfant. Le bien-être et le confort de la mère jouent également un rôle majeur que l’on a beaucoup sous-estimé. Tout est lié. »

Pourquoi en parlons-nous tant en ce moment? Pourquoi en parlons-nous tant en ce moment ?

Le gouvernement a décidé de les mettre au-devant de la scène en mettant en place en 2019 une commission d’une vingtaine d’experts, afin de décider d’un plan d’action pour la petite enfance. A sa tête, Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, spécialisé dans la résilience, fondateur en 2013 de l’IPE, l’Institut Petite Enfance, qui a déjà collaboré avec l’Éducation nationale. Le but est d’établir un « parcours 1000 jours » pour guider les parents dans cette période déterminante du développement de l’enfant.

Outre le fait que l’enfant se développe d’une manière extrêmement rapide, ces 1000 premiers jours, sont également une période de doutes, de questionnements, d’inquiétudes également pour les parents. Avec pour beaucoup, le sentiment d’être trop seuls face à la parentalité et ses problématiques du quotidien.

Ce plan du gouvernement fait suite à un constat, les parents recourent de plus en plus aux réseaux sociaux pour trouver des réponses à leurs interrogations et aux questionnements que peut soulever la parentalité au début. Vous connaissez peut-être les pages Facebook « Les mamans débordées papotent » ou encore la LJPF « La ligue des jeunes parents fatigués ».

Ces constats scientifiques renforcent la responsabilité du gouvernement de mieux accompagner les parents dans cette période décisive. L’objectif est de répondre à la fois aux attentes des parents et aux besoins des enfants. C’est donc à partir du concept des 1000 jours que le gouvernement à décider de construire une nouvelle politique publique pour mieux accompagner la parentalité. Le gouvernement souhaite mettre en place une politique de « l’attention », c’est-à-dire un soutien concret et pratique pour la vie de tous les jours qui déchargent les parents d’un certain nombre de tracas. Le parcours 1000 jours part donc d’un principe : protéger les enfants en commençant par écouter d’avantage les parents afin de répondre au mieux à leurs besoins, qui seront mieux conduits sur tous les plans (médical, social, éducatif) sur la période du 4ème mois de la grossesse jusqu’aux deux ans de l’enfant.

Concrètement, qu’est-ce qui va changer ?  

Une des premières recommandations des spécialistes est la prolongation du congé paternité. Si le rapport préconisait 9 semaines, le gouvernement a choisi de doubler le congé actuel, le faisant passer de 14 jours à 28 jours au premier juillet 2021.  Cette décision vise à souligner l’importance d’une réelle implication de la part des deux parents dans l’accompagnement de l’enfant.  Il est essentiel de redonner au père autant qu’à la mère, la place et le rôle qui lui appartient au sein du milieu familial, afin qu’ils puissent s’épauler et être auprès de leur enfant pour l’aider à grandir et s’épanouir, la société, traditionnellement ayant accentué le fait que la figure paternelle tendait à s’effacer derrière celle de la mère.

Cette mesure, concrète dans les faits, ne doit pas effacer les réelles volontés du rapport centrées sur un meilleur accompagnement des mères et des pères, grâce à plus d’informations et de communication avec des spécialistes tels que des entretiens prénataux ou des visites à domicile ou encore d’accentuer la prévention et les risques pouvant être rencontrés après la naissance de l’enfant comme la dépression post partum ou les violences éducatives ordinaires.

Les actes précis restent à venir. Si vous désirez approfondir le sujet, le rapport complet est disponible ici https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-1000-premiers-jours.pdf